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6 avril 2008

Topo sur les réformes de l'éducation par Marie

Topo sur les attaques du gouvernement sur l’Education Nationale

Ces attaques sont globales, virulentes, sur tous les niveaux : de la primaire à l’université.

Nous allons évoquer les modifications apportées par les réformes sur l’enseignement primaire, secondaire général et technologique et professionnel.

L'ÉCOLE PRIMAIRE

comment travailler plus, et faire moins d'heures de cours...

L'annonce de la suppression du samedi matin travaillé a soulevé, chez les enseignants du primaire, un certain nombre de ques­tions : Comment va être employé ce temps du samedi matin? Comment rattraper ces heures de cours, perdues pour l'ensem­ble des élèves ?

D'après certains inspecteurs, ce temps sera réparti en concerta­tions, formations et cours de remise à niveau pour les élèves en difficulté (dont les noms seront communiqués aux inspections académiques), et ce, aux horaires choisies par les enseignants. D'autres inspecteurs insistent sur l'impossibilité de réaliser ces heures de soutien le samedi. Une autre réponse leur est parve­nue le 1 février 2008, avec une note de service du ministre aux recteurs demandant aux enseignants de proposer « un nouveau service » aux élèves en difficulté sous la forme de stage de remise à niveau, pouvant avoir lieu pendant les vacances. Il s'agit d'heures supplémentaires, défiscalisées (c'est-à-dire, exemptes de toute cotisation pour la protection sociale et la retraite).

Un « relevé de conclusion commun pour la réutilisation des heures supprimées le samedi matin, pour l'aide aux élèves ren­contrant des difficultés à l'école primaire » est signé quelques jours après par le SE-UNSAet la CFDT. Ce relevé indique la nou­velle répartition horaire : le volume horaire global des enseignants est inchangé. Ce qui est nouveau, ce sont les 60 heures « consa­crées à des actions directes auprès des élèves en difficulté ». Et le temps de présence en classe, devant l'ensemble des élèves ?

Le 19 février, Darcos « résout» la question en décidant de la sup­pression de deux heures de cours hebdomadaire. Il fait « tenir » les contenus d'enseignement dans 24h au lieu de 26h.

En revanche, le temps consacré à « l'éducation civique et moral » n'est nullement précisé, ni limité. Cette matière semble privilégiée par le ministre de l'éducation nationale, qui y verrait bien l'appren­tissage obligatoire de l'hymne national aux élèves, et par le Président de la République, qui avait évoqué l'idée de faire « par­rainer » un enfant juif victime de la Deuxième guerre Mondiale par un enfant de CM2 (projet finalement abandonné)...

L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GÉNÉRAL

Les enseignants du secondaires : de futurs cadres, flexibles, payés au « mérite »...

La Commission sur la rénovation du métier d'enseignant (présidée par Michel Pochard) légitime son existence par son projet (énergiquement approuvé par Sarkozy) de (re)faire de l'enseignant un « nota­ble », de lui rendre sa respectabilité perdue. Cet objectif est en soi plu­tôt ambiguë. On peut le comprendre comme la nostalgie d'un temps où le professeur formait, avec le médecin et le pharmacie, une petite élite intellectuelle, un groupe de notables respectables, tenant la société, ce qui n'a rien de progressiste...

Mais il est de toutes façons évident que cet pseudo-objectif n'est qu'une couverture (censée amadouer les prof ). Le projet de cette Commission est bien de rénover la condition enseignante : les professeurs vont devenir des sortes de cadres, au temps de tra­vail flexible, dont la rémunération sera en partie calculée en fonc­tion du « mérite ». Cette Commission remet en question le statut de 1950, selon lequel le service hebdomadaire du professeur était défini par sa présence devant les élèves. Cette gestion du temps de travail, jugée archaïque, sera remplacée par un service pensé sur l'année, auquel seront incorporées des missions autres que la transmission des connaissances (déjà prises en charge par les enseignants) : études surveillées, travaux d'orientation... qui seront désormais rémunérées.

Comment le gouvernement compte-t-il financer la rémunération de ces tâches déjà accomplies par les enseignants ? Réponse : par le principe « moins de postes, plus d'Euros ». Sarkozy s'est engagé à réinjecter la moitié des économies réalisées avec la réduction du nombre de postes dans les feuilles de paye de ceux qui veulent faire plus. Les profs aussi vont « travailler plus pour gagner plus »...

...Mais pour gagner plus, il faut aussi être méritant. Pleinement approuvé par la Commission Pochard, Sarkozy déclare : « Les enseignants bénéficieront d'augmentations méritées ». Et l'avan­cement des professeurs (nouvelle innovation !) va maintenant se décider au niveau de l'établissement.

ET LES PROVISEURS :

de nouveau managers...

A quand l'autonomie des lycées?

Actuellement, les professeurs sont évalués à 40% par leur chef d'établissement (qui baissent rarement la note) et à 60% par l'ins­pecteur. De plus, l'ancienneté et le rang au concours sont pris en compte. Le rapport Pochard suggère une rupture : l'avancement serait décidé « dans l'établissement sur la base de quelques cri­tères simples » dont pourraient juger ensemble le chef d'établis­sement et l'inspecteur pédagogique. Ces « critères simples » seront défini « sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves ».

Voilà qui est conforme aux exigence de Sarkozy, qui, dans sa let­tre de mission au ministre de l'Education Nationale, précisait : « Vous les évaluerez plus régulièrement, sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves ».

LES SUPPRESSIONS DE POSTES

Résultat : des suppressions matières

On prévoit la suppression de 11200 postes d'enseignants à la rentrée 2008,1400 en Ile-de-France.

Cela entraîne la suppression de nombreuses heures de cours, la dispari­tion de matières facultatives et des options (arts plastiques, musique, LV3).

Plusieurs lycées se sont mis en grève pour protester contre ces disparition de matières. L'établissement Emilie de Breteuil (à Montigny), a été bloqué durant une semaine ; Les 7 mares (à Maurepas) s'est mis en grève depuis le jeudi 21 février; Jean Villar (à Plaisir), Dumont d'Urville (à Elancourt) s'est mis en grève le jeudi 21 février; à Villepreux ; à Mansart ; à Mantes-la-ville ; à Magnanville ; à Villaroy...

Une autre conséquence est la disparition des heures de soutien... qui, pour exister, devront se faire en heures facultatives. Et c'est ici qu'intervient le « travailler plus », sous la forme d'heures sup rémunérées. Le budget 2008 prévoit une hausse de 12% du nombre des HSAet de 20% des HSE. Cette multiplication des heures supplémentaires détaxées, en plus de contribuer à la destruction des protections sociales et des retraites, se heurte à une limite physique. « Dans certains établissements, les ensei­gnants sont saturés. Les heures supplémentaires ne trouvent pas pre­neurs » Guy Barbier ( UNSA ).

BEP: SUPPRESSION CONFIRMÉE

A la rentrée de Septembre 2008, le Baccalauréat en 3 ans sera mis en place pour la moitié des formations. En Septembre 2009, ce Bac pro en 3 ans sera étendu à toutes les sections. La disparition totale du BEP est donc prévue pour dans deux ans.

Officiellement, le but de cette suppression est d' « encourager » les jeunes qui seraient tentés de quitter le cycle scolaire après deux ans de formation, et un BEP comme diplôme en poche, à se diriger vers le baccalauréat pro­fessionnel, et d'aligner la filière professionnelle sur le rythme des bac géné­raux et technologiques. Autrement dit, il s'agirait d'augmenter le niveau de formation et de qualification des jeunes.. .malgré eux. Une réforme qui ne tient pas compte des impératifs de certains jeunes, qui doivent, avec ou sans diplôme, se mettre à travailler, pour des questions financières ou de démotivation. Pour les premiers, l'existence du BEP leur permettait de se présenter sur le marché du travail, avec une valeur reconnue, pour les deuxièmes, l'obtention de ce diplôme était un premier signe de reconnais­sance de cette valeur et un encouragement à poursuivre leurs études (il est inutile de rappeler la dépréciation dont les filières professionnelles font l'objet dans l'opinion générale et les conséquences que cela entraîne sur la motivation des élèves. Dépréciation à laquelle Darcos prétend mettre fin par cette réforme, en faisant du bac pro un « bac comme un autre »).

Forcer les jeunes à se présenter au baccalauréat, désormais seul garant d'une quelconque valeur sur le marché du travail, n'est pas une solution. Ceux des jeunes qui doivent impérativement travailler au bout de deux ans seront sans qualification, ceux qui sont victimes d'une démotivation res­sentiront cette contrainte comme telle, et quitteront la formation (toujours sans qualification) ou la poursuivront dans de mauvaises dispositions. Les conséquences réelles de cette réforme seront donc, du point de vue des élèves, non pas une augmentation du niveau de qualification, comme le prétend le ministre de l'éducation nationale, mais au contraire une aug­mentation des sorties d'élèves sans diplômes. Quant à la qualité de la for­mation, la perte de 25 % des cours entraînera la suppression de diffé­rentes filières, c'est à dire une diminution de la diversité de l'enseignement. Voilà qui va redorer le blason aux filières professionnelles ! Reste au gou­vernement à expliquer comment appauvrir le contenu d'une formation, et priver ses élèves de leur libre choix lui re-donne la respectabilité qui lui est due (et au passage, le gouvernement pourrait varier un peu ses pré­textes...l'idée d'habiller ses attaques contre l'enseignement, général ou professionnel, de l'intention mielleuse de rendre sa « respectabilité » à celui-ci se généralise ! ).

Et du point de vue des profs, cette réforme entraînera de nouvelles sup­pressions de postes. Voilà qui rapprochera, en effet, les filières profession­nelles des filières générales, qui seront caractérisées sans distinctions par la baisse des effectifs du personnel enseignant !

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